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  • Photo du rédacteurPauline

Jeanne Barret (1740-1807) : Première circumnavigatrice

Dernière mise à jour : 14 mars 2019


Jeanne Barret (ou Baré) est une femme dont l'histoire sonne comme un roman d'aventure.


Et il y a de quoi impressionner : une jeune femme née dans une famille très modeste de Saône-et-Loire qui par la force de sa curiosité et de son obstination deviendra une brillante botaniste et, surtout, la première femme connue à avoir réalisé un tour entier de la planète ne peut qu’impressionner.


Source : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Jeanne_Barret_Madlla_Bare.jpg
Jeanne Barret en marin, 1817

Comme cela arrive souvent, les historiens doutent de beaucoup d'éléments de sa biographie, sans doute ponctuée de légendes, d’exagérations et de quelques mensonges pour couvrir les complices de ses aventures mais certains points sont à peu près fiables.

Sa découverte du monde scientifique commence quand en 1764, elle est engagée par le médecin botaniste Philibert Commerson, en tant que gouvernante. Ce dernier, avec lequel elle aura un enfant, lui transmet sa passion pour la découverte et l'étude des plantes et lui confie la création de plusieurs herbiers.


En février 1767, Commerson s'embarque pour le voyage de sa vie : il rejoint l'expédition de Bougainville en tant que botaniste ! Quel est donc ce projet ?  Louis-Antoine de Bougainville projette une expédition scientifique vers les mers australes qui commence en 1766. Celle-ci comporte deux navires, une frégate, la Boudeuse, et une flûte, l'Étoile, qui rejoindra l'aventure en 1767. C'est sur cette dernière que Commerson prend ses quartiers. Voilà pour ce passionné de botanique une formidable occasion d'étudier de près la flore encore inconnue d'Amérique du Sud et des archipels de l'Océan Indien ! Mais sa santé est relativement fragile et un peu d'aide serait la bienvenue. C'est pourquoi il demande l'autorisation d'amener un laquais du nom de Jean Barret. Pour plus de commodités, ce dernier est autorisé à faire le voyage dans la cabine de son maître, ce qui, il l'espérait, devrait suffire pour que personne ne se rende compte que le courageux Jean est en réalité une femme, ce qui était interdit dans la marine royale.


Les deux scientifiques récolteront ainsi une quantité très importante de plantes nouvelles mais aussi de coquillages, de poissons séchés, de notes sur les populations rencontrées et de dessins. Jeanne ne rechigne jamais devant la tâche, que ce soit à bord ou durant les randonnées à terre. Portant de lourdes charges, prenant des risques, elle participe activement à chaque découverte et aide au classement de celles-ci une fois à bord. Ces efforts lui vaudront le charmant surnom de "bête de somme", donné par Commerson lui-même.


On ignore quand son identité fut découverte par l'équipage. Une légende veut que ce soit des habitants de Tahiti qui ait révélé son identité. Cependant, il probable que cette histoire ait été inventée pour couvrir Bougainville et le dédouaner de sa responsabilité de ne pas l'avoir débarquée en découvrant la supercherie. Il feindra ainsi l'ignorance longtemps, sans doute par admiration pour l'exploratrice.


Cependant, Jeanne devra redoubler de prudence. Elle prétend d'abord être un eunuque. Elle tente de dormir avec les hommes d'équipage pour tromper leur vigilance (une expérience difficile en raison des conditions d'hygiène de l'époque). La méfiance la pousse d'ailleurs à porter deux pistolets chargés sur elle en permanence.


Finalement, elle s'installe avec Commerson sur l'Ile Maurice en 1768 où ils contribuent, entre autre, à la création d'un jardin royal, connu aujourd'hui comme le Jardin des Pamplemousses. Suite à la mort de son compagnon en 1773, elle se retrouve avec environ 32 caisses contenant le fruit de leurs recherches. Leur contenu garnit encore aujourd'hui les collections du Museum d'Histoire Naturel, mais on en trouve également à Montpellier, à Genève ou encore à Londres.


On perd peu à peu sa trace à partir de la mort de Commerson. On sait qu'elle ouvre un cabaret sur l'Ile qui reçoit une amende pour avoir vendu de l'alcool le dimanche. Elle épouse ensuite un officier de la marine et rentre enfin en France, achevant son incroyable tour du monde.



Sources :


CHRISTINAT, Carole, Une femme globe-trotter avec Bougainville : Jeanne Barret 1740-1807, Outre-mer, Revue d'histoire, 1996

https://gallica.bnf.fr/essentiels/bougainville/voyage-autour-monde/expedition-bougainville

http://mediathequedelamer.com/wp-content/uploads/la-cite-de-la-mer-fiches-femmes-et-mer-jeanne-barret.pdf

La véritable histoire de Jeanne Barret, France Bleu Bourgogne, 2018




Pour aller toujours plus loin, c'est par ici :


Si ce sujet vous intéresse, je vous invite à me rejoindre pour une balade au Jardin des Plantes où nous parlerons de découvertes et de sciences

https://www.paulinelebourcq.com/jardin-des-plantes



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